mardi 22 janvier 2008

Vampire Weekend


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"La musique de Vampire Weekend, c’est comme une pub pour American Apparel : sensuelle, élégante, légère."

Quand on écoute la musique de ces quatre garçons, on entend la candeur. Ils ne sont pas naïfs, car on sent derrière leurs petites chansons un point de vue esthétique fort, mais ils sont frais, ils osent, ils tentent. C’est ça Vampire Weekend, un batteur de zouk, un organiste fasciné par les vieux sons 80’s, une basse qui bondit et qui rebondit, et la voix des Zombies.

Un groupe de pop très propre sur eux, avec des petits polos, des petites chemises, à peine une barbe qui dépasse ici, des étudiants, presque des enfants en fait.

La musique de Vampire Weekend a ceci de merveilleux qu’elle produit en nous une immédiate sensation de plénitude. On entrevoit un été sans fin, éclairé d’un soleil jaune pâle, comme dans les films en super 8. Mais pas un de ces étés accablant de chaleur, au ciel vertigineux de vide, qui assomme, qui écrase et brûle tout. Un été de l’amour où s’entrecroise des rencontres sans lendemain, pleines de légèretés et de grâce. Ces garçons, qui semblent très bien élevés, nous racontent des petites histoires qui parle de jeunes filles et de leurs mères, de sweater qu’on enlève, de citrons et de glaçons qui fondent dans la bouche. De sensualité, de plaisir, de douceur. Et leur musique est lumineuse.

. Le premier single sorti « Mansard Roof » est un peu la chanson-étalon : une batterie carabean, une basse qui voltige, un petit synthé cheap et la voix au-dessus, un peu éraillé, aux mélodies follement envoûtantes.

« Cape Cod Kwassa Kwassa » est un de ces chef-d’œuvres qui n’en a pas l’air. Une petite chanson indolente, ingénue. A chaque écoute, on ne peut que l’aimer d’avantages. Son petit riff à la guitare qui voltige allègrement, et puis toujours ce sens de la mélodie, limpide, lumineuse… d’une fraîcheur incroyable. Follement pop. C’est ça Vampire Weekend. On ne peut s’empêcher d’accoler le qualificatif « petit » à tout ce qu’ils font, mais ce n’est pas péjoratif car ce sont des grands de la musique. Mais leur musique attendrit, on pourrait tomber amoureux de ces petits garçons, de leur sweat-shirts comme de leur pureté.

Vampire Weekend, un nom qui est une contradiction. Ces jeunes gens n’ont rien des adorateurs de Nosfaretu gothique, ou des satanistes chevelus et défoncés. C’est un nom qui leur va merveilleusement mal, aussi mal… que les Zombies encore une fois.

Bien sûr, ils n’ont rien créé exnihilo, on entend les Strokes, souvent, les Beach Boys, parfois, Good Shoes, aussi. Mais il y a quelque chose de plus. C’est ce qui caractérise les grands groupes. Des influences solides, mais sublimées, transcendées.


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Le nouveau simple « A Punk », avec son couplet post-punk, son riff un peu tordu comme les Fire Engines, sa batterie dance-floor qui peut rappeler Good Shoes dans ce côté un peu mal fichu, un peu biscornu, du dance-floor lo-fi, dans le son et la façon de jouer, un peu maladroit, dégingandé, et puis la voix toujours au-dessus, qui scande plus qu’elle ne chante . Mais le refrain casse tout, comme à leur habitude. Ils ne peuvent s’empêcher de briser le rythme. La basse devient plus flottante, ainsi que la batterie, alors qu’arrivent les flûtes traversières synthétisées. Et puis ça repart « A A A A ».

« Campus » et sa montée chromatique d’une simplicité presque émouvante, et puis son refrain qui vous oblige à chanter en penchant la tête sur le côté, comme quand on était enfant. Et puis ce C, ce break qui vous prend et vous entortille, qui vous prend aux tripes, qui pourrait mettre en transe, « ça vous émerveille au creux des reins » dirait Barbara.

Et enfin « I stand Corrected », comme un manifeste de leur posture artistique. Une batterie à la « Reptilia », et puis ça monte, ça monte et plutôt que de passer vulgairement sur un gros solo, comme l’aurait fait n’importe quel groupe, avec taping polyphonique, cris de rage, et autres articles obligés de la posture « rock’n’roll » ils nous font un petit break rimshot. Toujours correct, toujours élégant. Face à eux, le reste du monde paraît bien vain, bien cruel, bien sale. Face à leur innocence.

3 morceaux sont vraiment nouveaux sur ce premier disque, les autres étant écoutable sur myspace ou lors de leur Daytrotter Session. « One (Blake’s Got A New Face) », avec sa crash Fruityloop, son synthé tout pourri, et son refrain où on l’on semble voir émerger Brian Wilson et ses Beach Boys, venus faire les chœurs. « Walcott », plein de reverb, plein de violons, plein de grandiloquence par moments, mais une grandiloquence mesurée, contrôlée, sans rien qui dépasse. Et puis le dernier morceau de l’album, où ils prouvent qu’ils ne sont peut-être pas si dupes que ça, pas si innocents que ça, avec son clavecin, ses élancés de violons, que leur musique n’est sûrement pas celle qui se vendra le plus, que leur posture esthétique est ambitieuse mais presque vouée à l’échec, avec sa grâce un peu mélancolique, puisque c’est la fin du disque et qu’ils ne peuvent plus rien prouver, et que peut-être, malgré leur génie « The Kids Don’t Stand A Chance ». C’est la fin de l’enfance, la fin de la fête. L’insouciance est partie, et il ne reste que le silence, l’insoutenable silence, qui vrille le cerveau, qui met mal à l’aise car on entrevoit alors le vide et la vacuité de toutes choses. Vampire Weekend n’est pas un éloge à l’insoutenable légèreté de l’être, ce serait bien décevant. Non. Bien au contraire, ils tissent un cocon où l’on se sent au chaud, protégé. Enfin vivant.

4 commentaires:

apolline a dit…

des dieux.
(gloire a ton super badge)
la bise.

Julien a dit…

Je suis consterné par le manque de reconnaissance de la part du monde litteraire vous concernant. Vous etes un artiste monsieur, et je vous salue bien bas.
Toutes mes félicitations.
Bien à vous,
Alain Madelin.

ShockTreatment a dit…

Vampire Weekend c'est pas trop à la mode encore !
profitons en avant que tout le lycée Carnot écoute en boucle dans les soirées slim..


bon je retourne écouter Justice.

LeXys a dit…

tu avais donc toute la matiere necessaire pour le debat.

oui vampire WE aussi.