mercredi 12 décembre 2007

1ère chronique : The Strokes - First Impressions of Earth

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The Strokes – First Impressions of Earth

On peut attendre beaucoup d’un groupe qui, en 2001, a réinventé le rock, a remis à la mode les guitares et qui en deux albums d’une vraie qualité au succès non-usurpée, « Is this It » et « Room on Fire », est devenu un très grand groupe, à l’importance et aux choix esthétiques déterminants. Chronique du troisième album.

A l’écoute des premiers singles sortis, déception, incompréhension, trahison ont été les premiers sentiments que j’ai ressentis. Qu’étaient devenus les Strokes que j’aimais tant, formidables créateurs de tubes et, surtout, inventeurs d’une musique cosmique, profondément portée vers l’avant. Ces premiers morceaux, je les trouvais « TROP » : trop grandiloquent, trop puissant, trop métallique. Je rangeai donc un peu trop rapidement ce groupe dans le club des groupes ayant fait « l’album de trop ».

Il m’a fallu attendre la sortie de « You Only Live Once » pour m’intéresser donc à ce troisième album. Car ce morceau fut le détonateur, la « clé hiéroglyphique » comme dirait Breton. La puissance du son au service de la mélodie, et surtout la grâce rare, l’élégance. La composition est assez simple, mais ça n’a aucune importance. Ce qui compte c’est que pendant le refrain, la musique transcende l’imaginaire.




Je me plonge donc dans l’album. L’ancienne réticence est encore vivace, mais elle va très vite laisser place à la plus pure admiration.

Car cet opus est un enchaînement de merveilles pop, de chansons à « l’architecture fine et compliquée ». Je finis même par aimer « Heart In a Cage », morceau épique, baroque, pompier s’il en est, mais au riff d’une telle puissance et à la mélodie d’une telle limpidité qu’on ne peut que l’aimer.


Cet album est une expérience, le son est très produit, très précis, les guitares très en avant ; c’est un peu l’antithèse des Libertines : tant eux sont brouillons, bouillonnants, incontrôlés que les Strokes sont exigeants, minutieux, chirurgicaux. Mais de ces deux visions esthétiques jaillit la même vie, la même fraîcheur, le même élan magnifique. Et de cet « anti-salmigondis »sonore, aromantique en apparence, jaillit une cohérence : les Strokes c’est la musique du XXIème siècle, une musique qui vient de l’espace, qui écrit le futur en temps réel. L’introduction de « Vision of Division » est comme le décollage d’une fusée, balancée par les turbulences, par le roulis imperceptible, mais qui file tout droit, même pendant le solo de métal hispanisant. « Killing Lies » est une merveille de progression, tout en retenue, tout en tension, qui finit par tout décharger dans un final extatique. Et puis le solo est une merveille… Quand à « Evening Sun », c’est la musique du dimanche ensoleillé, plein d’amertume car Tout est déjà terminé, mais avec une lumière intérieure qui illumine tout. Car c’est ça le nouveau Strokes : c’est sombre mais ça irradie, c’est noir, mais c’est une lumière noire. Enfin sur cet opus, ils osent des choses différentes ; ainsi sur « Ask me Anything » (“I got nothing to say, i got nothing to say “, on ne peut pas faire plus explicite) les guitares se taisent et laissent place au mellotron, comme Avant, comme sur les disques des Zombies ou des Beatles.


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Les Strokes restent les mêmes après tout, pas de virtuosité inutile, une précision d’orfèvre, un sens de l’efficacité redoutable. Et puis surtout Julian Casablanca et ses amis ont réussi, une fois encore, à inventer un son et une manière de jouer qui influence les autres groupes instantanément. Ils ont donné la permission de faire de la musique plus sombre, de sortir les grosses guitares, les gros riffs un peu dégueux. Et s’en suit le nouveau Kings of Leon, les cheveux teints en noir et la musique bien plus gothique qu’avant. Et s’en suit le nouveau Arctic Monkeys, qui cède à l’énergie intuitive des débuts quelque chose de bien plus noir, de bien plus intense, moins accessible,(beaucoup) moins « festif », plus intérieur. Les Strokes ont ouvert , ré-ouvert, une porte, mais le sens a changé. Car ils sont élégants.

« i hate them all, i hate myself for hating them »

"On the other side, nobody’s waiting for me on the otherside"


http://www.myspace.com/thestrokes

Arnaud

2 commentaires:

ShockTreatment a dit…

ouah, te transforme pas en Philippe Manoeuvre..

adri a dit…

Ca y est... j'ai réussi à ecouter cet album... Et ben c'est une merveille!! Si on m'avais un jour que les strokes me ferai écouter du métal!

Bon sinon, je profite de ce 1er mai pour une revendication syndicale : on veut plus d'articles atomiques et intersidérurgiques !